Le mois de soie, une exposition de dessins de David Fichou - Au Design Laps, du 22 avril au 11 mai 2024

Le Design Laps présente «Le mois de soie  » du 22 avril au 11 mai , une série de portraits dessinés par David Fichou questionnant le spectateur et parfois sur papier de soie.

 

le 23/04/2024

Fichou David est un artiste figuratif français né à Marmande dans le Lot-et-Garonne.
Largement autodidacte, il travaille maintenant presque qu'exclusivement aux fusains et pastels avec des œuvres se concentrant sur le corps et plus précisément, le portrait. Longtemps amoureux de la ligne claire et du dessin de pure imagination, il produit d'abord illustrations  et  sérigraphies.
Puis, le dessin d'imagination devient dessin d'observation. Ces outils de prédilection, les crayons, laissent place aux fusains, aux pastels, aux encres.
Persiste son attachement à la sobriété, la simplicité, des moyens (papier, fusains, magie).
En découle une production des travaux contrastés, majoritairement des portraits, quelquefois colorés, où l'artiste a pour quête de transcender la matière inerte du papier, de la toile, pour y insuffler "du vivant".

David Fichou 

Full : veille/david-fichou_photo-portrait.jpg"David Fichou vit et travaille à Bordeaux, avec Marmande comme origine, le Sud-Ouest est le refuge de ses activités artistiques, mais elles visent à s’étendre plus largement avec un cycle d’œuvres récentes qui inaugurent depuis 2016 un corpus tout en cohérence, comme autant d’épisodes constituants une série en instance.

Tel un sacerdoce, il dessine en autodidacte depuis sa prime jeunesse mais est aussi diplômé de l’université Michel de Montaigne, ayant fréquenté les beaux-arts et de nombreuses personnalités gravitant autour d’un réseau artistique dense propice à la création. Concerts dessinés, illustrations, sérigraphies lui permettent de s’exercer à de multiples formes d’expressions en renouvelant ses motivations et ses moyens, s’ouvrir à d’autres formats et poursuivre ses investigations plastiques dans des domaines plus hybrides pour se détourner des genres établis et des codes de la B.D qu’il affectionne tant.

Il prospecte, se cherche et constitue dès lors un nouveau vocabulaire, entraîné par une virtuosité graphique qu’il transpose et actualise sur de nouveaux supports à l’aide d’outils qui s’adaptent à ses ambitions. De façon expérimentale, il varie les protocoles d’actions, entrevoit un chemin plus personnel pourvu de ses études sur modèle vivant, de ses nombreux portraits sur le vif, il combine ses aspirations en s’attachant à une certaine rapidité d’exécution qui libère ses mouvements, son rapport au corps face au support, lui, l’adepte de l’épure, de la ligne claire, toujours muni d’un sens avéré du détail infime, il bascule de la table au mur, prend acte de sa gestualité renouvelée, recompose son imaginaire et transforme ses motifs, pour ne pas dire son style tout entier.

Ainsi, depuis les pastels jusqu’aux aux lavis fluides, des contours colorés aux réserves inoccupées, c’est dans un acte constitutif inaugural qu’il s’approprie les noirs desseins du fusain ; les ombres intenses le disputent à la lumière ardente, cherchant ce moment où le tendre charbon obscurcie en de sombres plages saturées l’immaculé papier et que les blancs diaphanes le concèdent à la vigueur du geste qui recouvre, obstiné, elles s’offrent en clartés diffuses, laissant subsister dans l’entre-deux toute la gamme infinie des gris intermédiaires et leurs myriades de nuances irisées.

Par le biais des frottements et du geste qu’il imprime de sa main gauche devenue si adroite à force de s’aguerrir, il va creuser le fond bidimensionnel de ses intentions figuratives, s’approprier la brutalité délicate du médium si cher à Ernest-Pignon-Ernest et sa matérialité particulière dans cette lutte entre l’apparition et l’effacement.

Le grain du papier accroche les traces préalablement laissées en sinopia avant que, ne s’estompant et s’adoucissant lentement, la force du geste en pleine face, la farce du reste en pleine grâce, la poudre de charbon ne s’écrase en modulant des effets de clairs-obscurs intenses, en de sombres nuits caravagesques d’où s’extirpent les corps dans un balai d’ombres portées, de fonds diffus inexplorés faisant surgir alors des formes violemment contrastées.

La lisse gomme glisse, chasse, retire les repentirs qui, au fur et à mesure, triturent la texture, là, un geste comme une caresse, ici, le bruit entêté du morceau de bois brûlé, légèreté des particules qui, en se déposant, s’effritent au vent, cette poudre résiduelle comme une cendre volatile, qu’un souffle sec vient dissiper, faire s’envoler en nuages pailletés dans l’air d’un rayon de lumière acéré.

Tel un talc noir, qu’un tact délicat moire sur la surface immaculée, dans la nuit du sombre bâton qui dessine en se consumant, dans un ultime feu vibrant, l’outil doit se décomposer pour que s’incarne l’image devinée, suie cramée qui se désagrège sous le joug d’une main décidée. On entend chanter l’instrument dans un léger crissement, il vous encrasse les doigts, s’incruste sur la tranche de la main, se disperse alentour, poudre de rien...  L’aridité des moyens concentre la beauté des effets soudains.

C’est un choc, une douceur aussi, une lutte, un combat de valeurs, et la mine qui s’affine, qui disparaît en laissant la marque de son érosion agile, dans la main de celui qui imagine.

Ses portraits en trop gros plans, qui défient l’échelle du miroir, comme pour mieux en révéler la valence éperdue, sans fond, en prise avec une réalité qui échappe. Et tous ces visages comme autant de Gorgones pétrifiantes, ces yeux vous fixant, vous intimant de succomber à cette approche exigeante. Il faut soutenir la rencontre, accepter ce rapt d’un regard apte à voir dans le noir, en de nyctalopes profondeurs et d’incertaines circonvolutions pour recevoir ce qui capte et, à la fin, vous happe.

L’artiste sait animer son travail térébrant par l’ajout de motifs graphiques qui viennent perturber la lecture littérale de ses compositions, c’est donc entre vernis sélectifs, coulures à l’encre, cadrages et kaléidoscopiques jeux catoptriques que certaines actions adventices viennent souligner ou déranger la trame si réaliste et symbolique des icônes ainsi constituée.

Enfin, une laque protectrice s’invite pour figer l’image, magie de la finition, désespoir du fixatif, ultime vaporisation, sûre protection, la fragile technique oblige qu’on la vernisse, couche adventice qui sanctionne l’accomplissement, lui appose une pellicule d’achèvement. Tout est dit, mais rien n’est fini, car, depuis le charbon jusqu’au diamant, le carbone pur brille éternellement."

David RAMBAUD, Agrégé et Docteur en arts plastiques.

https://www.facebook.com/david.fichou

« Le mois de soie », du 22 avril au 11 maiFull : veille/laps_expo_david_fichou.jpg

au Design Laps
123 Cr Journu Auber, 33000 Bordeaux

Vernissage le Jeudi 25 Avril à 18h30
avec une intervention dessinée Live
en mots avec Jean-Baptiste Pélissier
et en musique avec la contrebasse de Julien Perugini

Accès libre du mardi au vendredi de 17h30 à 19h30

Programme des week-end

Visites commentées en présence de l’artiste à 15h30 et à 17h30
(sauf samedi 27 avril - fermé)

Pour plus d'informations :
contact@designlaps.fr
Site du Design Laps

 

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